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Le vrai du faux sur le business du maquillage permanent.

Paru dans Les Nouvelles Esthétiques – juin 2020
Communication présentée aux Workshops de Lyon (novembre 2019) par Murielle GUIANING, Responsable du pôle formations BIOTIC Phocea

Tout ce qu’il faut savoir avant de vous lancer !

Vous souhaitez vous lancer dans le maquillage permanent, et vous vous posez de nombreuses questions : Quelle formation ? Quel diplôme ? Quel investissement ? Quel matériel ? Quels pigments utiliser ? Voici toutes les réponses !

Est-ce qu’un CAP Esthétique est nécessaire pour faire du maquillage permanent ?

Non le CAP Esthétique n’est pas nécessaire. Seule la formation en Hygiène et Salubrité est obligatoire (décret 2008-149 du 19 février 2008) pour toute personne voulant pratiquer le maquillage permanent, le tatouage ou le perçage.

Est-ce que la dermopigmentation peut se faire au domicile de la cliente ?

Non il est interdit de pratiquer la dermopigmentation au domicile de la cliente. En effet, ce même décret 2008-149 du 19 février 2008 fixe également les exigences concernant les locaux et la gestion des déchets. Il est impossible de satisfaire à ces exigences au domicile de vos clientes.

En revanche, il est tout à fait envisageable d’aménager un espace dédié à la pratique du maquillage permanent à votre domicile, dans le respect des exigences.

A domicile ou sein de votre institut, il vous faudra dans tous les cas déclarer votre activité auprès de l’ARS de votre région. Dans le cas d’une pratique à domicile, l’ARS peut refuser et exiger que vous notifiiez dans votre demande que l’accès soit ouvert au public. Votre domicile serait alors considéré comme un lieu public.

Est-il possible de pratiquer le maquillage permanent ainsi que d’autres soins dans la même cabine ?

En effet, vous pouvez tout à fait utiliser la même cabine pour le maquillage permanent et d’autres soins. Bien entendu, il faudra que cette cabine réponde aux exigences mentionnées plus haut. Autre obligation, vous devez prévoir des créneaux dédiés à la pratique du maquillage permanent et afficher clairement le planning dans votre cabine. Vous ne pourrez pas pratiquer d’autres soins que le maquillage permanent sur les créneaux réservés. En dehors de ces créneaux, vous pouvez pratiquer indifféremment tous les autres soins.

Faut-il suivre toutes les formations de dermopigmentation ?

Il existe de très nombreuses formations spécialisantes : microblading, microshading, trichopigmentation, reconstruction des aréoles mammaires, camouflage de cicatrices, etc.

Rien ne vous oblige à vous former à toutes les techniques et cela dépendra de votre projet et des domaines dans lesquels vous souhaitez vous spécialiser. Une fois encore, la seule formation obligatoire est celle en Hygiène et Salubrité. A la suite de celle-ci vous pouvez choisir de ne pratiquer que le maquillage permanent, ou au contraire de vous spécialiser en dermopigmentation médicale par exemple.

Dans tous les cas, nous vous conseillons vivement de suivre une formation en colorimétrie et de faire des stages de perfectionnement régulièrement, afin de découvrir les nouvelles techniques.

Peut-on mélanger les pigments ?

J’entends souvent dire qu’il y a plusieurs marques de pigments et qu’il serait possible de faire ses petites recettes avec plusieurs marques pour obtenir un résultat parfait en termes de colorimétrie. Je réponds non car vous n’êtes pas chimiste. Les pigments d’une même marque peuvent se mélanger entre eux mais il est interdit de mélanger les pigments de deux marques différentes. Ne faites jamais de mélanges. Deux produits, utilisés de façon séparée, peuvent être très bien pour la peau, mais, utilisés de façon combinée, ils peuvent être aussi très nocifs.

La dermopigmentation a-t-elle réponse à tout ?

Non. Vous devez oser refuser certaines prestations. La cliente sur la photo a été pigmentée car elle souffrait d’un vitiligo, et le résultat est loin d’être satisfaisant.

De même, il y a certaines peaux que vous ne pouvez pas pigmenter, comme les cicatrices hypertrophiques par exemple.

Comme nous vous le disions précédemment, il y a de nombreuses contre-indications à la dermopigmentation. D’où l’importance de faire remplir un questionnaire de santé avant d’accepter une prestation.

Voici, à titre d’exemple, quelques contre-indications :
– Les porteuses d’une valve cardiaque sont contre-indiquées ainsi que vos clientes qui ont déjà eu des greffes d’organe comme un rein ou un poumon. C’est absolument contre-indiqué car il y a un risque d’infection.

– De même, ne pigmentez pas une cliente en phase intense de chimiothérapie. Dans les phases intermédiaires, vous pouvez pigmenter mais pas avant 48 heures, le temps pour l’organisme de reconstruire ses défenses immunitaires.

Donc, il faut oser dire non.

Est-ce un investissement onéreux ?

Le coût de formation peut paraître élevé. En effet, il faut compter généralement 595€ pour la formation en Hygiène et Salubrité. Pour une initiation au maquillage permanent, le coût de formation est d’environ 2200€.

Il est important toutefois de garder à l’esprit que la majorité des formations proposées sur le marché peuvent être prises en charge au titre de la formation professionnelle, ce qui réduit fortement votre investissement.

Il faut ensuite compter 3500€ pour l’achat du matériel (dermographe, aiguilles, pigments, accessoires et produits d’hygiène, etc…).

Donc cet investissement de presque 6500€ peut paraître conséquent, mais il est fortement rentable. En effet, une prestation de maquillage permanent est en moyenne facturée 300€, et a un coût de revient pour le matériel utilisé d’environ 45€. Si l’on ajoute les autres coûts de fonctionnement, une séance vous rapporte environ 200€.

Il vous faudra donc réaliser un peu plus de 30 séances dans l’année pour couvrir vos frais. Or une esthéticienne, dont le maquillage permanent n’est pas la seule activité réalise en moyenne 2 séances par semaine lorsqu’elle débute. Les plus aguerries font jusqu’à 10 pigmentations par semaine.

Faites le calcul, vous serez très vite bénéficiaire.

Est-ce que vous avez seulement besoin d’une formation en hygiène et salubrité pour être compétente ?

Non, bien sûr.

Certaines personnes suivent uniquement la formation en Hygiène et Salubrité pour être en règle, puis se forment à l’aide de tuto sur Youtube par exemple, ce qui donne lieu à de nombreux ratés, voire quelques catastrophes.

Comme nous le disions précédemment, il est important de suivre une formation en colorimétrie. Ce n’est pas tout de savoir piquer. Le choix de la couleur est primordial et dépend de la carnation de la cliente, de ses habitudes de vie et du résultat qu’elle souhaite. Une fois la couleur choisie, il est également important d’avoir le bon geste : profondeur d’implantation, orientation du stylo, sortie de l’aiguille, sont autant de paramètres à prendre en compte pour une pigmentation réussie.

Autre point primordial : le choix de votre matériel. L’achat d’un dermographe est un investissement. Il existe des dermographes bon marché (environ 500€), mais ces derniers sont trop agressifs pour la peau, rendant le tracé imprécis. De plus, le choix d’aiguilles adaptées à ces dermographes est souvent restreint, ne vous permettant pas de réaliser toutes les techniques correctement. Il est donc nécessaire d’investir dans un dermographe de qualité, pour lequel il faut compter entre 1500€ et 2000€.

Enfin, autre point important à ne pas négliger et qui va conditionner la réussite de votre prestation : la préparation la peau et l’entretien post-pigmentation.
En effet, avant toute pigmentation, la peau doit être préparée. La veille de la pigmentation, la cliente doit réaliser un gommage de la zone, afin d’exfolier et hydrater la peau.

Le jour de la pigmentation, la peau doit être nettoyée avec une eau micellaire douce, qui aura pour effet de retirer les dernières impuretés qui pourraient pénétrer le derme lors de l’effraction cutanée.

Juste après la pigmentation, il vous faut appliquer un soin barrière, qui formera un film protecteur sur le pigment, et permettra ainsi d’éviter une perte trop importante de la couleur. L’agent F a été développé à cet effet par BIOTIC Phocea.

Dans les jours qui suivent la pigmentation, la cliente devra prendre soin de sa peau et veiller à ne pas l’agresser. Pour le nettoyage, une mousse nettoyante est l’idéal, car plus douce qu’un savon et hydratante. (Mousse nettoyante Sublim’Ink chez BIOTIC Phocea).

Dernière chose : la peau est fragilisée après une pigmentation. Il est important de l’hydrater continuellement afin de favoriser la cicatrisation. Attention à ne pas utiliser de crèmes contenant des dérivés pétro-chimiques (vaseline, paraffine, etc…). Lisez bien les étiquettes des produits que vous utilisez. La Nutri-Cream Post-Tattoo a été développée par BIOTIC Phocea pour répondre à ce besoin spécifique de la peau : un baume bio, vegan aux vertus cicatrisantes et hydratantes.

Quelles sont les contre-indications de la dermopigmentation ?

Avant de faire toute pigmentation il est très important de vous enquérir de l’état de santé de votre cliente, de son rituel de soin, du type de crème qu’elle a l’habitude d’appliquer.

– Par exemple, si c’est une cliente qui a l’habitude d’utiliser des crèmes rajeunissantes à base de fruits, vous pouvez la pigmenter, mais, après la pigmentation, elle ne pourra plus l’appliquer pendant au moins un mois car l’effet exfoliant des acides de fruit estompe rapidement le pigment.

– Si c’est une cliente qui est sous traitement à la vitamine A avec du Roaccutane, il ne faudra pas la pigmenter et attendre deux à trois mois après la fin de son traitement car le Roaccutane rend la peau fragile et surtout très asséchée. De plus, elle devra suivre un traitement hydratant.

– Si votre cliente a prévu une IRM dans les prochains jours, ne la pigmentez pas.

– Ne la pigmentez pas non plus si elle est sujette à un herpès labial ou oculaire. Si vous pigmentez, vous aurez beau mettre tout votre savoir-faire, le résultat sera catastrophique et votre cliente aura des boutons. Si votre cliente fait de l’herpès, elle doit suivre un traitement prescrit par son médecin traitant.

Il est donc très important de faire remplir un questionnaire de santé à vos clientes avant la prestation. Cela vous permet d’être informée et de pouvoir lui donner des conseils pré ou post-pigmentation.

« Avant de faire toute pigmentation il est très important de vous enquérir de l’état de santé de votre cliente, de son rituel de soin, du type de crème qu’elle a l’habitude d’appliquer. »

N’importe quel produit vendu en France peut-il faire l’affaire ?

La réponse est non. Ce n’est pas parce qu’un produit est vendu en France qu’il répond aux normes françaises.

Les pigments

La résolution du Conseil de l’Europe fixe des règles strictes quant aux pigments qui doivent être utilisés, mais la législation française est encore plus stricte à cet égard. Assurez-vous donc que les pigments que vous utilisez sont conformes. Par exemple, vos pigments doivent être stériles. Vous avez donc le choix d’utiliser des pigments monodose ou d’utiliser des pigments dont le conditionnement garanti la stérilité entre chaque utilisation (Airless Color© chez BIOTIC Phocea). Les flacons collyres, même s’ils contiennent plus de pigments que la quantité nécessaire pour une prestation doivent donc être jetés après chaque utilisation. De même pour les pigments en tube.

Les aiguilles

Elles aussi doivent impérativement être stériles et à usage unique puisqu’elles pénètrent la peau.

Attention, également à bien respecter les protocoles pour l’élimination de ces déchets (DASRI).

Les produits de nettoyage

Votre zone de travail et les instruments que vous utilisez doivent être systématiquement désinfectés. Mais attention, un produit de nettoyage ménager ne suffit pas. Les produits que vous utilisez doivent répondre aux normes NF EN 1040 et NF EN 1075.

Les anesthésiants

En France, seuls les médecins ont le droit d’administrer des anesthésiants.

En revanche, votre cliente peut tout à fait se faire prescrire de la crème EMLA par son médecin et se l’appliquer elle-même juste avant la pigmentation. Attention, ce n’est pas à vous de l’appliquer, vous n’en avez pas le droit.

La traçabilité est-elle une obligation ?

Vous avez l’obligation d’informer votre cliente sur ce qu’est un acte de dermopigmentation dans un langage clair et compréhensible, c’est la loi. Mais vous avez également l’obligation de traçabilité, c’est-à-dire que tous les produits qui sont utilisés doivent être notés : la marque du pigment utilisé, la référence du pigment, le numéro de lot, la marque de l’aiguille utilisée, la technique utilisée.

Nous avons rédigé un questionnaire de santé très important, avec un consentement mutuel éclairé à remplir et à faire signer par la cliente, qui doit en garder un exemplaire. Cela prouve qu’elle a bien compris l’acte qu’elle s’apprête à recevoir et que la dermopigmentation n’est pas un acte anodin. Un pigment qui vit dans une peau peut changer de couleur. Votre cliente doit être bien informée de ce qu’elle va faire avant de se lancer, c’est une obligation.

Comment la dermopigmentation a-t-elle évolué ?

La dermopigmentation est une prestation qui a beaucoup évolué et qui continue à évoluer en fonction des modes. Finis les contours de lèvres marrons et marqués. Aujourd’hui la tendance est au remplissage naturel, avec des effets de lumière, pour un effet hydraté et glossy.

C’est aussi le cas pour les sourcils, où nous sommes arrivés à quelque chose de beaucoup plus naturel, dans le respect de la morphologie de la cliente, alors que par le passé, de nombreuses praticiennes utilisaient des pochoirs à sourcils. Résultat : toutes les clientes avaient les mêmes sourcils bien droits et carrés.

De même pour la dermopigmentation réparatrice, rendue possible par la mise au point de techniques bien spécifiques, notamment pour les aréoles mammaires, en reconstruction post-cancer ou pour les clientes qui souhaitent corriger une asymétrie par exemple.

CONCLUSION

Plus qu’une simple prestation de plus à votre catalogue, la dermopigmentation est un art.  Il y a beaucoup de choses à maîtriser pour obtenir de beaux résultats, et une simple formation en hygiène ne suffit pas.

Choix du bon pigment, de la bonne couleur, du matériel adapté, respect des normes et règles en vigueurs, apprentissage du dessin et du geste, préparation et entretien de la pigmentation, indications et contre-indications sont autant de paramètres à maîtriser pour réussir.

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